Mondes

Il est des terres si loin
Que semblent y mourir
Des amours fleurs de juin
Qu'été n'a su tenir...

Il en est d'autres feu
Aux sables mordorés
Que l'horizon épouse.
On dit aussi des cieux
Qu'une lune dorait
Que la mémoire repousse.

Mon cœur ne marche plus
Au chemin de mes pas,
Il va où bon lui semble,
Fait escale ou le silence ne dit
Que le murmure du vent ,
Le feutre de la nuit.
Je plane au dessus des montagnes soumises.
Le long des dunes onduleuses.

Une musique vient comme un appel soufflé.
Mon errance m'entraîne à suivre
Ces notes folles de caresses inconnues.
Je suis alors au creux d'un océan dévêtu
De navires, avec des roses, bleues.
Avec des vagues cœurs
Avec des vagues livres pour que je sache
Que je n'ai pas quitté la rive;

Il est des terres si loin…
J'y veux aller mourir
Comme un amour que juin
Ne verra pas fleurir.

 

Jean Victor ESTIENNE